Et si Saint-Gilles assumait son grand zizi mou ?

Publié le 22/09/16
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Charles PicquĂ© a dĂ©cidĂ©. On range le zizi de la BarriĂšre. Enfin, on dĂ©lie les cordons de la bourse (communale), on envoie les petits soldats (communaux) et on efface la gentille bĂ©bĂȘte.

Mais quelle mouche a piquĂ© Charles, pour prendre une dĂ©cision aussi ringarde ? Le souci d’affirmer sa propre rigidité ?

Parce qu’enfin, nous sommes Ă  Bruxelles, un des berceaux du surrĂ©alisme. Nous vendons mĂȘme çà Ă  l’Ă©tranger pour donner une image positive de la ville et faire (re)venir les touristes. Bruxelles, dont l’emblĂšme est par ailleurs un petit bonhomme qui exhibe son zizi.

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Et puis, d’autres artistes ont dĂ©jĂ  bravĂ© les interdits pour garnir des murs aveugles de Saint-Gilles (deux fresques monumentales de Bonom dans le quartier de la Porte de Hal, dĂ©jĂ ) et d’autres communes. Et, heureusement, on leur fout la paix. Enfin, pour l’instant.

On entend dans les mĂ©dias ceux qui veulent un rĂšglement. Parce qu’il faut rĂ©glementer. DĂ©cider ce qui est interdit et puis aussi ce qui est tout Ă  fait encore plus interdit. Ceux-lĂ , ils radotent dans les articles des mĂ©dias en ligne, Ă  cĂŽtĂ© d’images diffusĂ©es des milliers de fois de ce zizi, qu’ils estiment pourtant devoir ĂȘtre extrait du regard. Ils pensent qu’un nouveau rĂšglement dissuaderait Ă  l’avenir des street artistes, dont la transgression fait partie intĂ©grante des Ɠuvres, de dessiner tel ou tel objet dans l’espace public
 Un crĂ©do plus qu’autre chose. Et puis rĂ©glementer sur quoi, vu la myriade de rĂšglements qui existent dĂ©jĂ  concernant l’urbanisme et l’espace public ?

Les Ɠuvres monumentales « illĂ©gales » sur murs aveugles font partie du patrimoine culturel de Saint-Gilles et de Bruxelles, mĂȘme si elles sont par essence plus ou moins Ă©phĂ©mĂšres. Elles sont, quelque part, complĂ©mentaires Ă  des dĂ©marches bien plus cadrĂ©es et consensuelles, mais nĂ©anmoins intĂ©ressantes, comme les parcours de fresques avec personnages de BD. Elles illustrent la vitalitĂ© culturelle de la ville, sa capacitĂ© Ă  s’interroger et sortir des sentiers battus. Elles font que Bruxelles est Bruxelles, avec certes son chocolat, mais aussi sa capacitĂ© Ă  l’auto-dĂ©rision, sa zwanze, ses artistes prĂ©curseurs, ultra-crĂ©atifs et parfois gentiment olĂ©-olĂ©. En plus, en l’occurrence, si l’oeuvre peut certes choquer certains, elle ne comporte aucune forme d’agressivitĂ©, ni mĂȘme d’opposition (si ce n’est Ă  la pudibonderie) ; son message est ambigu, questionnant
 et donc intĂ©ressant.

Avant de monter aux barricades et palissades pour effacer au plus vite le zizi, que la commune investisse d’abord pour amĂ©liorer la propretĂ© des rues, dĂ©plorable, ou encore rĂ©sorber les lĂ©gendaires retards de son service urbanisme. Ca sera rendre un meilleur service aux Saint-Gilloises et Saint-Gillois.

Saint-Gilles se veut « amie des artistes ». Elle a lancĂ© le premier Parcours d’artistes et regorge d’ateliers et associations Ă  vocation crĂ©ative. Cela fait partie de son identitĂ© et son attractivitĂ©. Saint-Gilles, sans les artistes, ne serait pas Saint-Gilles. Raison de plus pour, Ă  la vue de ce zizi malicieux, ne pas jouer les vierges effarouchĂ©es.