Logements vides : les associations secouent la Commune
Le CODES (Comité de défense de Saint-Gilles) et le RBDH (Rassemblement bruxellois pour le droit à l’habitat) ont rendu publics il y a quelques jours les résultats d’un comptage des logements vides à Saint-Gilles, effectué par leurs soins. Ces associations affirment avoir ainsi repéré 150 adresses de bâtiments vides, correspondant à plus de 300 logements.
Pour Ecolo Saint-Gilles, vu le manque de logements et l’augmentation des prix de l’immobilier que subit Saint-Gilles, il est évidemment très important que ces logements soient remis sur le marché, si possible à des conditions sociales. La démarche du CODES et du RBDH est donc à saluer !
La Commune de Saint-Gilles active déjà différents dispositifs dans le cadre de la lutte contre les logements inoccupés : une taxe sur les immeubles inoccupés, un projet de réhabilitation des logements au-dessus des commerces et un projet de prise en gestion publique d’un immeuble vide.
Le point au Conseil communal
Lors du Conseil communal du 26 avril dernier, j’ai donc demandé au Collège des Bourgmestre et Echevins de faire le point sur la politique globale de la Commune concernant les immeubles vides.
Même si un cadastre au sens strict n’existe pas, la Commune effectue cependant, via ses stewards urbains, un travail de recensement des logements vides. Des chiffres ont donc également été donnés par le Collège. La Commune a vérifié la situation des 150 immeubles identifiés par le CODES et le RBDH. Une bonne partie d’entre eux ne sont pas réellement à l’abandon, font l’objet de la taxe sur les immeubles abandonnés ou encore vont être rénovés (permis d’urbanisme faisant foi). Pour 53 adresses par contre, des vérifications complémentaires doivent être faites et ils sont potentiellement tout à fait à l’abandon.
De manière plus étonnante, le Collège n’a pas été capable de nous dire à combien de logements vides correspondaient les 350.000 euros de taxes sur les immeubles abandonnés perçus par la Commune. Mais il nous assure que la taxe encourage bel et bien les propriétaires à faire le nécessaire pour remettre les biens sur le marché… sans toutefois donner de chiffres sur ce point-là non plus. Pour nous, cette taxe n’est pas conçue pour rapporter de l’argent à la Commune, elle doit dissuader des propriétaires de spéculer sur des immeubles vides ; il est donc indispensable d’avoir des chiffres précis permettant d’évaluer l’impact de celle-ci.
En ce qui concerne la prise en gestion publique, le Collège a affirmé que, même s’il trouvait ce dispositif potentiellement intéressant et qu’il continuait le projet en cours, il préférait donner la priorité aux opérations classiques d’achat et rénovation de la Régie foncière. C’est dommage, d’autant que ces dispositifs n’ont pas la même finalité. La prise en gestion publique permet en effet à la Commune (y compris via son agence immobilière sociale), de prendre en gestion un logement, en se substituant à un propriétaire déficient. Ce logement est ensuite loué à des conditions sociales et la Commune se rembourse de ses frais éventuels de rénovation sur le loyer perçu, le propriétaire recevant le solde.
Activer tous les dispositifs
Du côté de l’agence immobilière sociale, qui gère actuellement une bonne centaine de logements (qui n’étaient pas vides au départ), le Collège ne prévoit pas d’étendre le parc. Il est vrai que cette ASBL se remet tout juste de sa quasi-faillite il y a deux ans, suite à des problèmes de mauvaise gouvernance…
Pour Ecolo Saint-Gilles, la Commune doit se donner les moyens d’effectuer un véritable cadastre des logements vides, régulièrement mis à jour. Pour ensuite activer l’ensemble des moyens qui sont à sa disposition, y compris le droit de gestion publique. Il est en effet important non seulement de remettre des logements sur le marché, mais de veiller à ce qu’ils soient financièrement accessibles. Si des démarches intéressantes sont de fait effectuées par la Commune, il reste toutefois encore du chemin avant que Saint-Gilles ne soit véritablement une Commune exemplaire dans le domaine de la lutte contre les logements vides.