Midi : toujours l’heure des tours et des bureaux

Publié le jeudi 27 octobre 2011
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Le groupe Atenor a dĂ©posĂ© un permis d’urbanisme pour un trĂšs gros projet de promotion immobiliĂšre dans le quartier du Midi. « Victor », le nom dont Atenor a affublĂ© son bĂ©bĂ©, consiste Ă  l’érection de trois tours et un immeuble de plus petite taille, sur un terrain juste derriĂšre la tour du Midi et l’immeuble « Tintin ». Ce sont les communes de Saint-Gilles et Anderlecht qui doivent dĂ©livrer le permis, le terrain concernĂ© Ă©tant Ă  cheval sur les deux communes. La tour la plus haute monte Ă  150 mĂštres de haut et le projet prĂ©voit plus de 100.000 mÂČ de bureaux, pour seulement 6.000 mÂČ de logement.

La filiale Eurostation de la SNCB a, elle aussi, de grands projets pour la gare du Midi. Si on s’en rĂ©fĂšre aux informations officielles et aux prĂ©sentations publiques, il s’agirait de construire au-dessus des voies, Ă  hauteur de la gare, un immeuble en forme de V de 120 m de haut, qui hĂ©bergerait 100.000 mÂČ de bureaux lui aussi. Mais, Eurostation a aussi dans ses cartons une imposante barre d’immeubles de 550 mĂštres de long pour 150.000 mÂČ de bureaux, le long de l’avenue Fonsny, dans le prolongement du bĂątiment anciennement occupĂ© par le tri postal. Au total : environ 250.000 mÂČ de bureaux, un peu de commerce et d’activitĂ©s annexe. Pour emballer le tout : Eurostation a fait appel Ă  un architecte de renom : le français Jean Nouvel. L’idĂ©e : vendre une opĂ©ration de pure promotion immobiliĂšre comme un « geste architectural fort ». Bruxelles mĂ©ritant un bĂątiment emblĂ©matique, Ă  l’image des opĂ©rations menĂ©es sur les gare d’Anvers-Central et LiĂšge-Guillemins. ProblĂšme : ici, il ne s’agit pas d’un vĂ©ritable projet de gare, mais de projet sur et autour de la gare, apportant peu de plus-value aux usagers du train.

Les filiales SNCB prĂ©voient aussi de construire des tours de logements de luxe le long de la rue de France, Ă  l’emplacement actuel d’immeubles de bureaux SNCB. Ces tours seraient plus hautes que l’actuelle tour du Midi.

Une partie du projet Jean Nouvel d’Eurostation

Au total, avec la bĂ©nĂ©diction des pouvoirs publics, ce sont donc plus de 350.000 mÂČ de bureaux supplĂ©mentaires qui sont prĂ©vus.

A mes yeux, il est temps que la Région fasse réellement entendre sa voix dans ce dossier avec comme fil rouge les points suivants :

  • Un Ă©quilibre des fonctions plus
 Ă©quilibrĂ©. Les projets antĂ©rieurs de bureaux (300.000 mÂČ) ont mis 20 ans pour se rĂ©aliser ; le besoin est actuellement non pas Ă  doubler cette surface alors que plus d’un million de mÂČ de bureaux sont vides dans la RĂ©gion, mais de promouvoir le logement et les Ă©quipements collectifs.
  • Des objectifs de densitĂ© raisonnables. Il faut que l’afflux de nouveaux travailleurs et habitants soient supportables pour le quartier et des Ă©quipements.
  • Une attention particuliĂšre Ă  l’amĂ©nagement des espaces publics autour de la gare. Pour le moment, ils sont laids, dangereux, mĂ©diocres. L’avenue Fonsny, la petite ceinture et le boulevard Jamar sont autant d’obstacles Ă  des circulations piĂ©tonnes et mĂȘme transport en commun en direction du centre-ville, de Saint-Gilles et d’Anderlecht.
  • Une gestion de la mobilitĂ© qui doit donner prioritĂ© au confort et Ă  la sĂ©curitĂ© des usagers faibles (piĂ©tons, cyclistes) et aux usagers des transports en commun.

J’ai dĂ©jĂ  interpellĂ© Charles PicquĂ© sur ces questions Ă  plusieurs reprises au Parlement. J’ai Ă©galement introduit des remarques lors de l’enquĂȘte publique relative au cahier de charges de l’étude d’incidences du projet Victor (dont certaines ont Ă©tĂ© entendues. Je ne manquerai Ă©videmment pas de faire un suivi rapprochĂ© dans les mois et annĂ©es Ă  venir !