Midi : toujours lâheure des tours et des bureaux
Le groupe Atenor a dĂ©posĂ© un permis dâurbanisme pour un trĂšs gros projet de promotion immobiliĂšre dans le quartier du Midi. « Victor », le nom dont Atenor a affublĂ© son bĂ©bĂ©, consiste Ă lâĂ©rection de trois tours et un immeuble de plus petite taille, sur un terrain juste derriĂšre la tour du Midi et lâimmeuble « Tintin ». Ce sont les communes de Saint-Gilles et Anderlecht qui doivent dĂ©livrer le permis, le terrain concernĂ© Ă©tant Ă cheval sur les deux communes. La tour la plus haute monte Ă 150 mĂštres de haut et le projet prĂ©voit plus de 100.000 mÂČ de bureaux, pour seulement 6.000 mÂČ de logement.
La filiale Eurostation de la SNCB a, elle aussi, de grands projets pour la gare du Midi. Si on sâen rĂ©fĂšre aux informations officielles et aux prĂ©sentations publiques, il sâagirait de construire au-dessus des voies, Ă hauteur de la gare, un immeuble en forme de V de 120 m de haut, qui hĂ©bergerait 100.000 mÂČ de bureaux lui aussi. Mais, Eurostation a aussi dans ses cartons une imposante barre dâimmeubles de 550 mĂštres de long pour 150.000 mÂČ de bureaux, le long de lâavenue Fonsny, dans le prolongement du bĂątiment anciennement occupĂ© par le tri postal. Au total : environ 250.000 mÂČ de bureaux, un peu de commerce et dâactivitĂ©s annexe. Pour emballer le tout : Eurostation a fait appel Ă un architecte de renom : le français Jean Nouvel. LâidĂ©e : vendre une opĂ©ration de pure promotion immobiliĂšre comme un « geste architectural fort ». Bruxelles mĂ©ritant un bĂątiment emblĂ©matique, Ă lâimage des opĂ©rations menĂ©es sur les gare dâAnvers-Central et LiĂšge-Guillemins. ProblĂšme : ici, il ne sâagit pas dâun vĂ©ritable projet de gare, mais de projet sur et autour de la gare, apportant peu de plus-value aux usagers du train.
Les filiales SNCB prĂ©voient aussi de construire des tours de logements de luxe le long de la rue de France, Ă lâemplacement actuel dâimmeubles de bureaux SNCB. Ces tours seraient plus hautes que lâactuelle tour du Midi.
Une partie du projet Jean Nouvel d’Eurostation
Au total, avec la bĂ©nĂ©diction des pouvoirs publics, ce sont donc plus de 350.000 mÂČ de bureaux supplĂ©mentaires qui sont prĂ©vus.
A mes yeux, il est temps que la Région fasse réellement entendre sa voix dans ce dossier avec comme fil rouge les points suivants :
- Un Ă©quilibre des fonctions plus⊠équilibrĂ©. Les projets antĂ©rieurs de bureaux (300.000 mÂČ) ont mis 20 ans pour se rĂ©aliser ; le besoin est actuellement non pas Ă doubler cette surface alors que plus dâun million de mÂČ de bureaux sont vides dans la RĂ©gion, mais de promouvoir le logement et les Ă©quipements collectifs.
- Des objectifs de densitĂ© raisonnables. Il faut que lâafflux de nouveaux travailleurs et habitants soient supportables pour le quartier et des Ă©quipements.
- Une attention particuliĂšre Ă lâamĂ©nagement des espaces publics autour de la gare. Pour le moment, ils sont laids, dangereux, mĂ©diocres. Lâavenue Fonsny, la petite ceinture et le boulevard Jamar sont autant dâobstacles Ă des circulations piĂ©tonnes et mĂȘme transport en commun en direction du centre-ville, de Saint-Gilles et dâAnderlecht.
- Une gestion de la mobilité qui doit donner priorité au confort et à la sécurité des usagers faibles (piétons, cyclistes) et aux usagers des transports en commun.
Jâai dĂ©jĂ interpellĂ© Charles PicquĂ© sur ces questions Ă plusieurs reprises au Parlement. Jâai Ă©galement introduit des remarques lors de lâenquĂȘte publique relative au cahier de charges de lâĂ©tude dâincidences du projet Victor (dont certaines ont Ă©tĂ© entendues. Je ne manquerai Ă©videmment pas de faire un suivi rapprochĂ© dans les mois et annĂ©es Ă venir !