Un nouveau Parvis, sinon rien ?
Le jeudi 4 septembre dernier, une exposition sur le réaménagement à venir du Parvis de Saint-Gilles a été inaugurée à la Maison du Peuple. La soirée de vernissage a incontestablement rencontré un certain succès, mais l’exposition n’a été accessible que quelques jours ensuite. Une expo assez légère : quelques panneaux pour illustrer les 4 projets « finalistes » de la procédure, ainsi que le projet finalement retenu, avec peu d’explications. Elle permet néanmoins de se faire une idée assez précise du projet élu, basée sur une complète destruction-reconstruction de la voirie du Parvis, à partir de la rue de Moscou au jusqu’au bas de la rue du Fort.
A l’occasion du Conseil communal du 11 septembre dernier, j’ai interpellé le Collège, au nom du groupe Ecolo-Groen, sur l’avenir du Parvis. De quoi obtenir quelques informations : le permis devrait être déposé en 2015, on est parti pour 2 ans de travaux sur 2016-2017 (le Parvis devra être ouvert complètement pour les câbles et canalisations d’abord puis pour les travaux proprement dits) et le financement de l’opération est assuré par la commune sur fonds propres (il n’y a pas de subvention régionale ou fédérale).
Le point le plus positif du projet, à nos yeux, est que la connexion entre le petit et le grand Parvis (le passage de la chaussée de Waterloo) sera facilitée. La chaussée sera rétrécie et surélevée au même niveau que tout le Parvis : il y aura donc une voirie « continue » et la traversée piétonne, qui est actuellement dangereuse et mal fichue, sera plus aisée et devrait être sécurisée.
Opportunité, arbres et participation
Dans les mois qui viennent, nous serons en tout cas particulièrement attentifs à divers éléments :
– La question de l’opportunité elle-même du projet. Le projet retenu ne nous semble pas en soi problématique, sauf sur certains aspects, comme la disparition totale des arbres. Mais une alternative légère, avec une « mise à jour du Parvis » (réparations, nouvel éclairage, nouveau mobilier urbain, travail sur la chaussée de Waterloo et sa traversée), ne serait-elle pas finalement plus opportune ? Le Parvis fonctionne en fait très bien ; il n’y a pas de souci particulier au niveau de son utilisation actuelle et les aménagements prévus ne visent pas à modifier les fonctions. Dit autrement : après les travaux, ça sera assez incontestablement plus joli, mais ça ne changera rien à la manière d’utiliser le lieu. Le jeu en vaut-il dès lors la chandelle ? D’autant que l’argent sur fonds propres investi là ne le sera pas ailleurs par la commune, alors que les besoins sont criants sur d’autres fonctions (nouvelles places en crèches, écoles, voiries en mauvais état,…).
– Que se passe-t-il avec le Carré Hôtel des Monnaies (la place Marie Janson), qui jouxte le Parvis ? Le débat au Conseil a fait émerger que les travaux sur le Parvis allaient retarder d’autant l’aménagement de cette place. C’est problématique, d’autant que cet espace-là, dont l’aménagement date du début de l’ère Picqué, pose problème et mérite très largement d’être tout à fait modifié. L’exposition du Maître Architecte actuellement en cours nous a permis de découvrir la maquette de l’aménagement prévu : un parking sous-terrain avec, en guise de toiture, un « centre d’interprétation » Art Nouveau accueillant, à l’horizontale, une façade ancienne que Charles Picqué s’est attribué alors qu’il était encore Ministre régional de l’Urbanisme ; un parc devant occuper le reste de l’espace. Pas sûr que ce centre d’interprétation et ce parking sous-terrain payant répondent véritablement aux besoins et attentes des Saint-Gillois…
– Il faut garantir de la participation en amont du dépôt du permis. Ne pas se contenter des procédures légales une fois le permis déposé. Le Parvis est le coeur de la commune : les habitants, les commerçants et les utilisateurs doivent nécessairement être concertés. Il faut mobiliser l’intelligence collective ! L’échevine s’est engagée sur ce point, parlant de « consultation populaire »… mais il est probable que ses mots aient dépassé sa pensée…
– La problématique des arbres. Les débats suites aux questions d’Aziz Albishari et moi même pour le groupe Ecolo-Groen ont montré qu’il était tout à fait possible d’avoir des arbres grands et sains sur une bonne part du Parvis. Les arbres actuels sont pour la plupart en mauvais état, mais c’est tout simplement parce qu’ils ne bénéficient que d’un trop petit nombre de mètres cube de terre; l’implantation de départ a été mal conçue.
– Le bruit. Les nouveaux aménagements ne peuvent amener à des terrasses encore plus grandes, qui rendront le Parvis et les alentours invivables pour cause de nuisances sonores. Le rapport sur les incidences environnementales réalisé dans le cadre du plan particulier pour l’aménagement de la place Janson avait d’ailleurs pointé qu’on avait atteint une limite maximale au niveau des nuisances sonores dans la zone.
Sur ce dossier emblématique, il est hors de question que les choses soient mal faites. Et hors de question aussi que la volonté communale de rendre le Parvis encore plus branché et attractif pour les utilisateurs extérieurs, la volonté de « gentrification », ne se fasse au détriment des habitants. N’hésitez pas à venir vers moi ou vers mes collègues du groupe Ecolo-Groen au Conseil si vous avez des questions, remarques ou appréciations !