Cantines scolaires : tapis rouge aux multinationales agro-alimentaires ?
Le conseil communal a voté hier le nouveau cahier des charges pour les cantines scolaires (majorité PS-MR : pour, Ecolo-Groen : contre, CDH : abstention). L’en jeu était de taille, puisqu’on passe d’un contrat annuel, aujourd’hui avec Sodexo, à un contrat pour 3 ans. Les cantines scolaires à Saint-Gilles, c’est 380.000 euros par an, 12.000 soupes et 54.000 repas pour 7 écoles communales.
Alors oui, le nouveau cahier des charges améliore les choses. On passe de 15 % à 20 % du montant financier pour les aliments bio (compliqué à vérifier dans les faits) et à 1 jour par semaine végétarien (mais dans le même temps, le grammage de viande global est augmenté, allez comprendre la logique!). Il est bien demandé de privilégier les circuits courts et de bannir les OGM. Des petits pas vers une alimentation plus durable, mais qui ne font pas encore de Saint-Gilles, une commune exemplaire en la matière, loin de là. Et qui ne permet malheureusement pas d’échapper à l’ogre du secteur : la multinationale Sodexo.
Il y avait moyen d’aller beaucoup plus loin. Et les exemples de bonnes pratiques ne manquent pas. Plusieurs communes bruxelloises, comme Schaerbeek, Forest, Watermael-Boisfort ou Ixelles l’ont bien compris. Watermael-Boisfort, par exemple, exige que 30 % des critères d’attribution du marché des cantines soient liés à l’alimentation durable (bio, circuit court, saisonnalité, commerce équitable, labels de qualité pour la viande porcine, la viande bovine, la volaille et le jambon), le tout avec des clauses sociales bien plus exigeantes qu’à Saint-Gilles (elles font 5 lignes dans le cahier des charges saint-gillois), un comité des menus chargé de goûter et vérifier la qualité des menus tous les 3 mois et une politique des prix qui permet d’échapper au « quasi monopole de Sodexo ».
Une alimentation de qualité, pas plus chère pour les parents
A Saint-Gilles, les prix payés au fournisseur sont imposés dans le cahier des charges. Ils ont été légèrement augmentés, un peu plus de 5% . Ils restent néanmoins très bas à tel point, qu’il est permis de se questionner sur la possibilité qu’un autre fournisseur qu’une multinationale comme Sodexo, capable de faire pression sur les producteurs vu son poids, puisse remettre prix… A titre de comparaison : un repas pour les primaires avec la soupe coûtera à Saint-Gilles 3,20 euros. A Watermael-Boisfort : 3,45 euros, soit 25 cents de différence avec un cahier des charges beaucoup plus exigeant du côté de W-B… Watermael-Boisfort a en outre décidé de ne faire payer aux parents que 2,75 euros, soit 25 cents de moins que Saint-Gilles. La différence entre prix payé au fournisseur et prix payé par les parents étant prise en charge par la commune. Cela permet d’échapper à des multinationales agro-alimentaires tout en gardant un système financièrement accessible aux parents. Il s’agit d’un choix politique !
Ecolo-Groen pense que rendre accessible une alimentation saine, de qualité et durable pour les enfants de la commune doit être une priorité politique. Ce n’est manifestement pas (encore?) celle de la commune de Saint-Gilles.